Tout contre soi...

Publié le par Fabienne et Pierrick

Le peau à peau

 

Porter son bébé ou comment vivre en harmonie avec son petit enfant

Depuis 13 ans que je vis avec des bébés et des petits enfants, le portage a toujours été pour moi indissociable du maternage et source pour toute la famille de beaucoup de bonheur.
Bonheur pour moi de sentir ce petit heureux, au chaud contre mon cœur, enveloppé dans mon manteau en hiver, pouvant téter à volonté et discrètement, dormir quand vient le sommeil ; liberté aussi d'aller partout sans contraintes matérielles : cinéma, conférences, congrès, plage, copines, pique-niques, répétition de chorale, restaurant, etc. Il dort sur moi et reste calme puisque rassuré ; je suis détendue parce qu’il est près de moi, je ne suis pas inquiète ni pressée de rentrer, je ne suis pas encombrée de matériel avec juste une couche de rechange dans la poche. Si j'ai besoin d'indépendance, il m'arrive de le poser, profondément endormi, enveloppé dans le porte-bébé et couvert d’un de mes vêtements. Quel plaisir en promenade de sentir ce petit corps devenir lourd dans mon dos et cette petite tête venir se blottir dans mon cou !

Bonheur aussi pour le bébé qui ne pleure pratiquement jamais. Non que j'utilise spécialement le portage pour calmer les pleurs, mais tout simplement parce qu'un bébé porté plusieurs heures par jour n'a pas d'épisode de “ décharge émotionnelle ” ni d'autre épisode de pleurs sans cause matérielle évidente (faim, douleur...) ; pas plus le soir entre 18h et 22h (comme cela est devenu la norme dans nos pays), qu'à aucun autre moment de la journée ou de la nuit. Il s'ensuit une économie d'énergie considérable pour le bébé qui peut alors consacrer celle-ci aux tâches essentielles de son développement. C'est d'ailleurs un phénomène frappant que cette absence de pleurs incoercibles chez les bébés portés, et qui m'a souvent été rapporté par des personnes ayant séjourné dans les pays où les bébés passent leur première année blottis contre le corps de leur mère et bercés par ses activités quotidiennes. Cela fait dire à certains que le mode de vie normal du bébé durant sa première année serait le mouvement (équilibre dynamique) et non la tranquillité ou le calme (équilibre statique) si souvent conseillés chez nous ! Je pense que l'on peut trouver de multiples explications à ce phénomène :

Les avantages affectifs :

- la proximité de la mère rassure le bébé, lui procure chaleur et bien-être et “ remplit ses réserves affectives ”, le rendant heureux, gai et rapidement très indépendant (jouant de longs moments seul ou avec ses frères et sœurs, explorant très tôt un vaste territoire loin des jambes de sa maman, ne craignant pas les visages nouveaux - même lors de la fameuse “ crise ” des 9 mois - etc.). 

Les avantages physiques :

- le portage, particulièrement en position verticale serrée, facilite la digestion, favorise les rots, évite les “ reflux ” (tellement fréquents, hélas) et diminue les fameuses coliques du nourrisson.

- le bercement, par les mouvements de la mère et les bruits de son cœur, stimule le système nerveux immature du bébé. En particulier, la stimulation du système vestibulaire (situé derrière chaque tympan) organise le bébé dans ses mouvements et sa perception du monde, limite les phases de sommeil profond propices aux “ pauses ” respiratoires, favorise un sommeil équilibré pendant et après le portage et un développement précoce du sens de l'équilibre et de tous les aspects de la psychomotricité (paradoxalement, les enfants marchent plus tôt dans les pays où ils sont traditionnellement portés !).

- le fait de participer à la “ vraie vie ” des adultes permet un éveil harmonieux en rapport avec la réalité, une véritable implication au sein du monde et un développement riche et subtil des sens : vision “ à hauteur ” du visage des adultes et de leurs activités ; toucher de la peau, des cheveux, des différents tissus des vêtements du porteur ; odeurs corporelles, de cuisine, de marchés.., bruits de la vie quotidienne, des conversations, vibrations des voix maternelle et paternelle... Sans oublier le goût,bien sûr, que l'allaitement maternel facilité développe tout en finesse !

La prévention des problèmes de hanches :

C'est un autre avantage important du portage en position verticale, jambes écartées, à condition de choisir un bon porte-bébé. Il est à noter que tous les portages traditionnels sont bénéfiques à ce sujet, ce qui n'est pas le cas de nos porte-bébés occidentaux, nous en reparlerons plus loin.

“ Aïe, mon dos ! ” :

J'entends d'ici un concert de protestations : “ et mon pauvre dos (d'occidentale sédentaire que je suis moi aussi) ? ”.

C'est ici qu'interviennent le mode de portage et le choix du porte-bébé. Mes solutions : un bon médecin ostéopathe pendant la grossesse (et après) et plusieurs porte-bébés, très différents, que j'utilise dans la journée selon les circonstances.

On peut aisément s'offrir ou se faire offrir plusieurs porte-bébés pour le prix d'un landau ou d'une poussette (coûteuse, encombrante, et dont les tressautements mécaniques, comme ceux de la voiture d'ailleurs, rendent passif), ainsi qu'une petite poussette de marché pour mettre les provisions. C'est bébé qui profite de la vue des étalages colorés et de la vue des passants sur le dos de maman.

Que choisir ? : 

- Pour la balade longue et les “ coups de feu ” de la vie familiale (préparation des repas, ménage), je mets mon bébé sur le dos avec le SNUGLI. J'ai les deux bras complètement libres et je peux pratiquer des activités telles que la cuisine et le repassage sans aucun danger pour le bébé. Il ne peut glisser sur le côté et, en y ajoutant un petit appuie-tête, même un nourrisson y est parfaitement bien. Pour un bébé plus grand, j'utilise le porte-bébé à armatures (vite fatigant pour le dos) ou le merveilleux pagne africain dont le seul inconvénient est d'en acquérir le tour de main sous peine d'avoir à le resserrer de temps en temps. Il ne fait en effet pas du tout mal au dos, soutient parfaitement celui du bébé, prend soin de ses hanches et c'est le plus économique (un simple morceau de tissu solide suffit). Il sert aussi de tapis de plage ou de couverture. L'écharpe “ porte-bébé ” avec ses nombreuses possibilités est aussi très adaptée ainsi d'ailleurs qu'aux autres activités.

- Pour les activités “ sociales ” où je n'ai pas forcément besoin d'une totale liberté de mes deux bras, (courses en ville, réunions, cinéma, etc.), le modèle foulard ou PORTE-CÂLLLIN est vraiment une merveille : archi simple, joli, il est très confortable et, porté correctement serré, ne fait pas du tout mal au dos. Le bébé peut être porté dans des tas de positions, y compris allongé et sur le dos, et le chargement se fait d'un geste. J’ai été conquise lorsque je l'ai découvert pour mon 4ème bébé, il a considérablement simplifié ma vie de famille et celle de beaucoup d'autres mamans. Quel bonheur pour materner un enfant malade, qui traverse une période de besoins intenses ou qui, né “ différent ”, a besoin à la fois de beaucoup de stimulations et de beaucoup de sécurité ! Cela peut devenir une pièce de la garde-robe, assortie aux tenues de la maman et qui l’accompagne une bonne partie de la journée !

Je n'oublie pas le TONGA, simple filet à glisser dans la poche et qui rend un peu le même type de service. Il est moins encombrant mais aussi moins confortable.

A éviter autant que possible :

Le portage long en position ventrale, donc le KANGOUROU et tous ceux qui lui ressemblent. Ce sont les plus mauvais pour le dos de la mère et le confort du bébé dont les jambes ballottent et le bassin est déséquilibré. Le bébé est en effet assis sur ses organes génitaux et non sur ses ischions (os du bassin sur lesquels on s'assied comme l'a prévu la nature). En ce qui concerne l'enfant, je ferais exception pour le SNUGLI, le PORTE-MOI et le PORTE-NOURRISSON de l'Enfant et la Vie qui prennent soin des hanches du bébé mais restent, utilisés en position ventrale, déconseillés pour la mère en usage prolongé ou répété. A éviter également le porte-bébé type hamac, s’il n’est pas facilement réglable.

Toutefois, pour tous les avantages vus ci-dessus, mieux vaut peut-être un bébé porté en KANGOUROU que pas porté du tout !

Le portage dans les bras a, lui aussi, des inconvénients pour le dos et, très vite, les tensions musculaires deviennent inconfortables pour la mère comme pour l'enfant. Mais là comme ailleurs, c'est à chacune de trouver ce qui lui est le plus confortable. Il paraît qu'aux Antilles, c'est un mode de portage traditionnel !

Il me faut aussi citer les témoignages de plusieurs mères qui m’ont dit soulager les douleurs de dos... en portant leur bébé plusieurs heures ! Pour l'une d'entre elles, c'était pendant une grossesse et l'on peut facilement imaginer que le poids du bébé sur le dos rééquilibrait le poids du bébé en gestation. Un phénomène de rééquilibrage de même type se produit sans doute aussi pour les autres mères, bien que non enceintes, qui m'en ont parlé.

Un apprentissage nécessaire : 

Quel que soit le mode de portage adopté, il faut toujours un certain temps pour s'y sentir vraiment à l ’aise, porteur et porté. Cela n'est pas dans nos traditions, nous avons tout à réinventer ! Cela peut aller de quelques jours à quelques semaines. Si le bébé est surpris la première fois, surtout s'il est déjà grand, il ne faut pas se décourager ou décider arbitrairement qu'il n'aime pas ça. Dans quelque temps, il est probable qu’il en redemandera ! Il suffit d'essayer quelques minutes par jour au début, puis de plus en plus longtemps, sans oublier, au fur et à mesure que bébé grandit, d'expérimenter d'autres positions qu'il peut apprécier une fois parvenu à un nouveau stade de développement. Le plus simple, bien sûr, étant de commencer dès la naissance ou au cours du premier mois ; mais on peut en observer les bénéfices à tout âge.

En conclusion :

Ce que j'ai découvert en pratiquant le portage en complément de l’allaitement, c'est que combler les besoins du bébé ce peut être aussi combler les miens et ceux de toute la famille. Ils ne sont pas opposés comme veut nous le faire croire la société dans laquelle nous vivons. Un bébé heureux, c'est une mère détendue, moins fatiguée, plus disponible pour son conjoint, sa famille et elle-même.
Porter son bébé tisse des liens intimes entre l'enfant et ses parents, permet la satisfaction des besoins de l'enfant par une compréhension fine de ceux-ci, tout en donnant aux parents un profond sentiment de compétence et en leur permettant une vie active.
Un bébé porté, c'est une famille qui peut continuer à vivre à son rythme propre tout en respectant celui de chacun de ses membres, du plus petit au plus grand, avec un minimum de frustrations et un maximum de bonheur.

Marie-France Morineaux

REFERENCES

Allaiter Aujourd’hui , “ Les bienfaits du portage ”, n° 40

· William SEARS, pédiatre, Mothering, hiver 1989 article traduit dans La Voie lactée
· Marlène SWEENEY, New Beginnings, juillet 1991
- article traduit dans La Voie lactée, juillet 93
· Jean LIEDLOFF, The continuum concept

· Serge LEBOVICI, Le portage de l'enfant,1984
· René ZAZZO, L'attachement

· MONTAGNER H., L'attachement, les débuts de la tendresse
· L'ENFANT ET LA VIE, 76, rue du Trie, 59510 HEM

*article dans le n° 95
*Fiche pratique appui-tête pour Snugli
*Porte-bébé (le porte-nourrisson)
*nombreux articles sur la pédagogie Montessori et le développement de l'enfant

   
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Notre commentaire à nous:

Attention! Il y a le kangourou des porte-bébé classiques, et la position kangourou obtenue avec une échape de portage! L'un n'est pas adapté, tandis que l'autre... Allez voir les liens sur le portage.

Publié dans Coups de coeur

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